SECTEUR PRODUCTION
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Témoignage A Le maïs est venu remplacer le
colza. En 1946, les Américains nous avaient envoyé
de la semence pour rien. Seulement on n'avait pas
de machines, il fallait planter et récolter à la main,
grain par grain, épi par épi. Depuis, il y a eu des
semoirs, des corn-pickers et surtout des produits qui
font crever toutes les herbes excepté le maïs ; plus
besoin de biner. Après le blé et l'orge, le maïs est
devenu maintenant la plus grosse culture en Beauce.
Le dernier cheval a été vendu en 1959. Aujourd'hui
j'ai une moissonneuse-batteuse, un corn-picker,
une presse, six tracteurs dont un à chenilles. Deux
employés mènent tout ça.
Ephraïm Grenadou, Grenadou paysan français, 1966
Témoignage B
Agriculteurs convertis au bio : « Je sais que je
n'empoisonne personne, c'est très bien pour ma
conscience. » Dans l'Aveyron, deux exploitations
de vaches allaitantes ont tourné la page de
l'agriculture conventionnelle pour se tourner
vers le bio. Une transformation réfléchie.
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A Cruéjouls, les Peyrac - Henry, son fils Alexandre
et son cousin Edmond touchent au but.
Dans quelques semaines, en mai précisément,
leur exploitation agricole, nichée dans les
vallées aveyronnaises, recevra officiellement
la certification bio. «< Une fierté »> reconnaît le
plus jeune d'entre eux, Alexandre, 32 ans.
L'aboutissement << d'un cheminement de plusieurs
années »>, se félicite Henry, le père à la petite
moustache rousse et au crâne dégarni, fier de ne
plus utiliser de produits chimiques dans sa ferme
de cent quarante vaches allaitantes (destinées à
l'élevage pour la production de viande) de race
Aubrac.
Mais si ces éleveurs se sont lancés dans
l'aventure du bio, ce n'est pas uniquement pour
des raisons financières. « Si on se convertit en
étant juste attiré par les aides, c'est dangereux.
Nous, notre réflexion a commencé il y a dix ans >>,
explique M. Peyrac. Jusque-là, il avait fait le choix
de l'agriculture conventionnelle « de manière
raisonnable »> après avoir pris le relais de ses
parents en 1981. « On voulait aller toujours plus
vite, toujours plus fort. Les engrais, comme
le glyphosate par exemple, permettaient de
gagner du temps », se souvient-il. Mais au
début des années 2000 les crises sanitaire
s'enchaînent: vache folle, fièvre aphteuse, etc.
s'interroge sur ce modèle. L'idée de la conversion
au bio commence à trotter dans sa tête
L'arrivée d'Alexandre en 2008 sur l'exploitation
accélère le mouvement. Les trois Peyrac, réunis en
groupement agricole d'exploitation en commun
stoppent l'achat de semences chimiques en
deviennent autonomes dans la production
des cultures pour les bêtes. « On s'est alors
dit qu'il fallait aller jusqu'au bout »>, jusqu'à la
certification bio donc, se rappelle Henry Peyrac
« Depuis quatre ans nous n'utilisons pas
d'engrais ou de pesticides et nous fertilisons nos
terres avec le fumier produit sur l'exploitation »>,
explique M. Rieu. Le couple décide également de
diminuer le nombre de bêtes, passant de cent
trente à une centaine.
[...] Cette impression de revenir à l'essence
du métier d'agriculteur est constamment
présente dans la réflexion de ces paysans ;
comme s'ils l'avaient perdue dans l'agriculture
conventionnelle. Le rapport avec la terre,
primordial dans une exploitation qui se veut
autonome au niveau des cultures pour les bêtes,
est ainsi entièrement repensé. « Il ne faut pas
faire n'importe quoi avec la terre, prévient Guy
Rieu. Si on l'abîme, en labourant par exemple,
elle ne donne plus rien. La terre, c'est du vivant, il
y a une vie microbienne qui est très importante. >>
Le Monde, 20 mars 2021
Deux témoignages, deux époques, deux agricultures différentes. En quoi le témoignage
des Peyrac remet-il en cause l'agriculture traditionnelle fondée sur la chimie et la
mécanisation? Au nom de quoi le font-ils ?
vingtaine
Vous répondrez à ces interrogations dans un développement argumenté d'une dizaine
de lignes sans oublier d'intégrer dans votre réponse le débat plus général de la science et
du progrès, parfois remis en cause.

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